



Clin d’œil
Il ferme les yeux
C’est la fin du monde
Il ouvre les yeux
C’est un autre monde
Et lorsque tout fut consommé
Tout demeurait encore en place
Seul l’éclairage avait changé.
Robert Gilbert-Lecomte,1907-1943
Autoportraits dessinés les yeux fermés et d'un seul trait.
En 1993 je commence à me photographier tous les mois dans des photomatons, l’image anodine d’un objet collé, et toujours les premiers clichés avec les yeux fermés. Je crois que ce jeu innocent de la régularité m’a conduit jusqu’ici dans un quête artistique, c’est le jeu de l’art et de l’action, certainement une prise de conscience. Je me dessine les yeux fermés, d’un seul trait comme la pellicule d'un film, pour ne pas perdre le fil du temps ; c’est une succession d’images banales qui s’enroule autour de ma vie, un livre de souvenirs chronologiques que je ne refermerais jamais.
La vie la mort, la rémanence, l’angoisse du vide et l’absence. Mais aussi l’ennui, cette perception pénible de la pesanteur du temps où chaque seconde semble une éternité. Cette sensation n’a rien à voir avec la réalité, je me dessine les yeux fermés pour voir.